jeudi 12 janvier 2017

Dix petits nègres

Auteure : Agatha Christie
Editions : Le Livre de Poche
Genre : Policier
Date de sortie : 1993
Nombre de pages : 224

Quatrième de couverture
En a-t-on parlé de l’Ile du Nègre ! Elle avait, selon certains bruits, été acheté par une star hollywoodienne. Quelques journaux avaient insinué que l’Amirauté britannique s’y livrait à des expériences ultra-secrètes. On avait aussi parlé d’un richissime Yankee… Bref, quand ils reçurent – sans savoir de qui – cette invitation à passer des vacances à l’Ile du Nègre, tous les dix – du juge au play-boy en passant par la secrétaire – accoururent. Mais, à l’Ile du Nègre, l’hôte mystérieux était absent et, dès le premier soir, un disque était placé sur le gramophone, les accusant chacun d’un crime. La panique s’empara des invités…
Mon avis

Je possède ce livre depuis plusieurs années dans ma bibliothèque et c’est une bande annonce de la mini-série de 2015 qui m’a donné envie de le lire. C’est le premier roman d’Agatha Christie que je lis (shame on me !). Au moment de commencer la lecture, j’étais dans la perspective d’assister à un Cluedo (le célèbre jeu de société où il faut découvrir le meurtrier).

Agatha Christie est une auteure incroyable que je découvre par ce roman policier. Elle a vraiment ce don de nous maintenir en haleine tout le long de son histoire et de la même manière que les personnages, on en vient à suspecter tout le monde par les preuves qu’elle a décidé de laisser au lecteur. Et sans son épilogue, on serait encore en train de se poser des questions. Mais honnêtement, heureusement qu’elle l’a fait parce que j’ai vraiment du mal avec les histoires qui ne répondent pas à toutes mes questions.

Autant qu’on se le dise, il est question de meurtres et chaque personnage a quelque chose à se reprocher, ce sont tous des personnes qui ont échappé à la justice par ruse ou par faux-semblant. Mais aux yeux de Mr. O’Nyme, le meurtrier, ils sont tous coupables même sans preuves. On constate rapidement que les personnages se classent en trois catégories : ceux qui se voilent la face sur leur degré de culpabilité (Emily Brent, Thomas & Ethel Rogers et William Blore), ceux qui savent qu’ils l’ont vraiment fait mais le cachent (Dr. Armstrong, Général MacArthur, Vera Claythorne et le Juge Wargrave) et enfin, ceux qui ne cachent rien et n’ont pas de remords (Philip Lombard et Anthony Marston). En règle générale, tous les personnages n’ont aucune compassion les uns envers les autres. Au fur et à mesure des meurtres, ils finissent par oublier les morts et se concentrent sur eux-mêmes. Certes, ils ne se connaissent pas personnellement mais parviennent à autre chose avec simplement la crainte d’être le prochain. C’est vraiment intéressant de voir comment peuvent évoluer des gens mis à un même niveau de « culpabilité » malgré leur rang social. Et ils ont tous l’air suspicieux et on l’est tout autant pour chacun d’entre eux.


Au final, j’ai beaucoup apprécié le roman d’Agatha Christie mais je ne m’attendais pas à ne pas avoir (double négation de la mort) de résolution de l’enquête par un inspecteur-détective ou toute autre personne de la police. Du coup, ça donne un caractère tout à fait unique à l’œuvre et il est tout de même très important de lire l’épilogue pour comprendre le point final de l’histoire sinon le lecteur reste dans le flou et n’a que des soupçons jusqu’au dernier moment. On ressort de cette lecture avec un sentiment de huis-clos et d’enfermement (comme j'ai pu le ressentir dans le roman de George Orwell, 1984).


Titre original : And Then There Were None
Réalisation : Sarah Phelps (BBC)
Année : 2015
Durée : 3 épisodes de 55 minutes

Mon analyse


La bande annonce passée récemment (pendant les fêtes de fin d’année) sur TF1 était vraiment très attractive et m’a poussé à lire le livre pour ensuite regarder cette adaptation. C’est une mini-série avec pleins d’acteurs du petit écran dont Toby Stephens, le fameux (et mon préféré) Mr. Rochester de l’adaptation Jane Eyre. Le Juge Wargrave est joué par Tywin Lannister de Game Of Thrones rien que ça et honnêtement, avec la petite musique et l’ambiance, le générique me fait penser à un « Game of Thrones de la statuette ». Donc, quand on retrouve Tywin juste après, c’est bon on est à Port Réal. Enfin voilà, plein de belles petites surprises.

La réalisatrice a beaucoup misé sur les prises de vue et c’est tout ce qui fait l’ambiance de la série. L’île et l’atmosphère donnent le même sentiment que dans le livre : celle du huis-clos. Le temps orageux ajoute au côté lugubre du lieu. Malgré cette sensation permanente d’insécurité, ça reste de magnifiques paysages et des images vraiment très belles.

La différence la plus flagrante entre le livre et la mini-série est le changement du nom de l’île, on passe de « l’île du Nègre » à « l’île du Soldat », il en va de même pour la comptine. Pour la personne qui a lu le livre avant de voir cette adaptation, plusieurs indices ont été laissés (de la même manière que le Petit Poucet sème ses cailloux). Comme un signe avant-coureur, le tout début du premier épisode se concentre davantage sur le personnage de Vera Claythorne. Elle est mise en avant mais n’est plus la même Miss Claythorne du livre, c’est une jeune femme beaucoup plus sombre et plus ébranlée par la vie. Il s’est opéré un véritable inversement entre son personnage et celui du Dr. Armstrong dans cette adaptation, en effet, lui n’est pas aussi impliqué et elle l’est beaucoup plus. D’ailleurs, la scène de l’hystérie se passe pour le Docteur et c’est Vera qui lui met une gifle. Cela montre une implication plus profonde de la part de la jeune femme. En parlant du Dr. Armstrong, ses problèmes d’alcoolémie ne sont pas du tout résolus dans la série. Quant aux personnages de Mr. et Mrs. Rogers, ils sont vraiment terrifiants, surtout Mr. Rogers, personnellement, il me fait penser à la créature de Frankenstein (super flippant quoi), il est pâle, sinistre, a des cicatrices et domine complètement sa femme, ce qui nous amène rapidement à penser qu’il est le meurtrier. Comparé au livre, le Juge Wargrave est beaucoup « renfermé », il ne fait pas de grands discours et reste plutôt humble, à ce stade, on en sait beaucoup moins sur lui que sur tous les autres. Mais certains indices laissent à présager qu’il pourrait être impliqué (le fait qu’il soit atteint d’un cancer (dans le sens où il n’a donc plus rien à perdre) et on ne montre que très peu d’images de lui avant son arrivée sur l’île). Enfin bref, selon moi, ces éléments jouent sur sa culpabilité. En plus de tout ça, j’aime beaucoup l’idée de faire parler les personnages pour ensuite montrer complètement l’inverse en images. Ainsi, quand un des personnages tente d’expliquer son innocence du crime dont on l’accuse, on voit le contraire apparaître à l’écran. Maintenant, en ce qui concerne la fin de la mini-série (ATTENTION ? SPOILER ALERT), ce n’est pas tout à fait pareil : le Juge Wargrave par son côté plus « humble » n’envoie pas une « bouteille à la mer » pour expliquer au monde entier son acte mais se confie simplement à Vera, il n’est plus question de renommée mais d’une simple explication des faits pour les téléspectateurs. De plus, quelques questions restent sans réponses mais ça ne gêne pas tant que ça.


Pour résumer, malgré quelques différences qui ne portent pas à préjudice, c’est une très bonne adaptation des Dix petits nègres d’Agatha Christie. On ressent ce même sentiment de lourdeur et d’enfermement que dans le livre.

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